Madredeus aux Açores
 



Texts of the documentary "Les Açores de Madredeus"

Avion :
- Monsieur le Commandant, nous vous informons que le groupe Madredeus vient à bord.
- Affirmatif. Le groupe Madredeus est à bord. Pourquoi, vous les aimez bien ?
- Oui, j'aime beaucoup leur musique et je sais qu'ils viennent ici à l'aéroport pour tourner quelques images.
Teresa : Pour moi, franchement, toute occasion est bonne pour venir aux Açores. Dès qu'on m'a parlé du film, j'ai pensé que c'était une très bonne idée, d'autant plus que cette année-ci, nous avons donné des concerts pendant trois mois et demi et je confesse que j'ai puisé toutes mes énergies dans la pensée qu'après je pourrais me reposer ici.
Pedro : Si on regardait sur une carte, on verrait bien la situation des Açores au milieu de la mer, avec des volcans qui sont encore en activité et qui au long de ces années ont toujours entraîné des tremblements de terre, des éruptions, de nouvelles îles... Le pouvoir n'a pas pu se permettre de détruire ou de persécuter les caractéristiques de la spiritualité populaire qui sont très présentes ici. Le fait que le culte du Saint-Esprit a pu survivre à côté de l'Eglise catholique romaine qui a toujours été très forte dans notre pays, prouve que les Açores sont d'une authenticité culturelle que j'apprécie beaucoup. Madredeus est un cas isolé, aussi isolé que les Açores au milieu de l'Atlantique.
Légende :
Ces deux rochers faisaient partie d'une grande muraille qui entourait les sept villes et qui fut construite par les rois atlantides. Ils ne pouvaient pas avoir des enfants, jusqu'à ce que, une nuit, une vision leur annonce qu'ils auront une princesse bleu verdâtre. Mais en punition des péchés du roi brutal, qui avait un royaume immense et du pouvoir sur toute l'Atlantide, la princesse resterait enfermée pendant 20 ans. Le roi ne sait pas tenir sa promesse et deux ans avant qu'elle se termine, il va à la rencontre des sept villes. Quand il s'approche de la muraille, la terre se met à trembler. Il tire son épée et d'un coup violent, il brise la muraille. La terre lance feu et flammes, le ciel s'assombrit et l'Atlantide s'enfonce, disparaît. Il ne reste que des sommets qui seraient les neuf îles des Açores. La jeune princesse meurt et selon la légende, ces deux rochers sont tout ce qui demeure de la muraille.
PREGÃO - Prêche
Teresa : "Pregão" est une chanson de Francisco Ribeiro, qui est le violoncelliste du groupe et qui est aussi chanteur. Il a une inspiration très particulière, avec des influences un peu arabes, peut-être parce que sa famille vient du sud du pays. José Peixoto joue aussi du luth et connaît assez bien les instruments africains. Il a ajouté cette guitare qui est vraiment en accord et qui accentue encore plus cette atmosphère.
Pedro : Celle-ci est une fête qui donne une image différente de la communauté, qui n'est pas l'image dessinée par le conseil communal, ni par l'Etat, ni par l'Eglise. La communauté a trouvé d'autres formes pour être ensemble et unie. Par exemple, cette distribution de pain et de vin est impressionnante.
Il est vrai que le groupe a été créé pour mettre en musique la langue portugaise. Nous réduisons la langue à un format musical en utilisant beaucoup de substantifs et de voyelles. Les chansons sont très courtes parce qu'à chaque mot correspond une certaine ambiance musicale. Nous voilà de nouveau dans le monde de l'intuition.
A VACA DE FOGO - La vache de feu
Voiture :
Pedro : Regarde la vache là en haut !
Teresa : Regarde-moi ça !
Pedro : Les vaches sont...
Teresa : Regarde-moi cette vache !
Pedro : Une vache solitaire, une vache poète

Pedro : Teresa représente un peu l'archétype de la voix féminine de notre pays. Nous prenons soin de ne pas utiliser des mots ou des idées qui ne vont pas bien avec son personnage.
Marché :
600 escudos - 650 escudos - 1500 escudos - 450 escudos
Combien ça vaut le petit lapin ?!
Ferme :
Ça sent bon le bois.
Nous y sommes.
Tu sais que c'est du tabac cultivé aux Açores...
Le maïs n'est que pour l'envelopper.
C'est très amusant.
Ça sent bon.
Pour ceux qui aiment fumer !
Vous avez léché ? Oui, je vous ai vu lécher...
Oui, oui, maintenant vous riez, mais, attendez, vous allez voir quelle bonne cigarette je vais faire...
Voiture :
Pedro : Tu as vu la scène qu'il nous a faite quand on est parti ? Il était tellement triste parce qu'on s'en allait... Ça m'a ému...
Teresa : Oui, moi aussi.
Phare :
Pedro : Teresa, viens dehors. Le vent est bon et la lumière est fantastique. Regarde-moi ça...
Teresa : Mais j'ai froid...
Pedro : Tu ne vois rien par cette fenêtre.
Teresa : Je regarde par celle-ci parce que les autres sont en plastic.
Pedro : Tu as peur !
Pedro : Moi, je dis toujours que la fonction d'un artiste peut être comparée à la personne qui allume et qui éteint le phare. Il n'est pas le phare, ni la lumière dans l'obscurité, mais la personne qui allume et éteint le phare.
Teresa : La mer est l'infini et aussi le regard sur l'infini. C'est l'acceptation totale du rêve. On peut continuer à regarder la mer et à imaginer ce que l'on veut. On peut même se souvenir de ce que l'on veut et c'est peut-être dans ce sens-là que l'on puisse aussi parler de la nostalgie.
Pedro : Notre nostalgie est une nostalgie de contrastes. La première chanson que j'ai écrite pour ce groupe ne s'appelle pas par hasard "Ombre". Le mot "ombre" contient en soi l'idée de lumière. C'est un mot qui englobe simultanément la traînée de la lumière, ou disons que l'on ne peut pas parler de l'ombre sans concevoir la lumière.
Voiture :
Ces fanfares font presque toujours la même chose. J'aimerais bien changer leurs arrangements. Garder les mélodies, mais mettre tout au contraire, comme je fais d'ailleurs avec Madredeus. Les tubas, par exemple...
Pedro : Le plus important que notre groupe ait fait, c'est d'avoir trouvé une forme portative de se déplacer, en présentant un concert tout à fait bizarre, qui est évidemment un moment de réflexion, de prise de conscience, de goût pour la musique, un moment de paix collective et intérieure absolue. L'Europe est entourée de guerre. En ce moment-ci, se promener avec une guitare à travers le monde entier, en se faufilant parmi tous ces conflits et en donnant autant de force à la musique, est le meilleur exploit du groupe.
MAIO MADURO MAIO - Mai mûr Mai
Teresa : "Maio" est une chanson optimiste qui parle d'une certaine révolte. La chanson compare le réveil des sens avec le réveil de la nature, le mois de mai, le printemps. La composition de "Maio maduro Maio" est de la main de José Afonso qui est un compositeur et un poète très important au Portugal. "Grândula Vilamorena" est un autre thème très connu de José Afonso que l'on retrouve aussi sur le disque "O Maio". Le thème de "Grândula Vilamorena" a été utilisé pendant la nuit de la Révolution comme, je crois, le deuxième signal d'une manoeuvre militaire quelconque.
Teresa : La terre et la vie ici...
Il y a beaucoup de tremblements de terre...
Les conditions de la nature sont très dures. Les gens dépendent beaucoup d'elle et ont un très grand respect envers les éléments. Je pense que ce respect existe dans tous les êtres humains, mais que dans les villes et même en voyage, nous sommes éloignés de ce type de sentiments et de réflexions.
Ici, je me sens toujours très bien... Je sens que je retourne un peu à l'essence des choses et à ce qui est en fait important.
AO LONGE O MAR - Au loin la mer
Pedro : La musique jouée par les musiciens est un peu comme la vie : une présence fugace qui existe tant que le musicien joue. Avant, il y a le silence et après, quand le travail est fait, la musique disparaît.

A huge thanks to Philippe Crespel and Rob Rombout for this important document



   

 

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Madredeus - O Porto

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